Animé par une équipe féminine venue d’Espagne, cet atelier intitulé « Questions de genre dans une industrie masculine. Quelle politique devons-nous porter ? » avait pour objectif de mettre en perspective les différents freins d’ordre interne et externe auxquels les femmes et les personnes non binaires sont confrontées dans l’exercice de leur métier. Une rencontre riche en partage d’expériences qui a connu la participation active de coursiers et coursières venus de différents pays d’Europe (Espagne, Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas).
Des inégalités en interne...
Lors de cet atelier, plusieurs enjeux ont été soulevés relatifs à la représentativité, la socialisation et la division du travail au sein des coopératives.
Concernant la représentativité, le constat commun est sans appel : les femmes et personnes non binaires sont très peu présentes dans les métiers de la livraison à vélo.« Effectivement, il n’y a pas plus de 3 femmes sur les 12 salariés que compte notre coopérative », a confirmé une participante.
Pour ce qui est de la division du travail, la principale problématique est l’ouverture des postes à responsabilité aux femmes et personnes non binaires et leur reconnaissance par leurs pairs . En effet, bien qu‘elles soient aussi compétentes que leurs collègues masculins, elles se retrouvent parfois confrontées à des remises en cause de leur légitimité. «Un des clients de la coopérative âgé de 70 ans a refusé de négocier un contrat avec moi parce qu’il ne me jugeait pas assez compétente par rapport à mon collègue masculin » relève une coursière espagnole.
Ces discriminations ou stéréotypes peuvent aussi provenir des collègues en interne où les femmes ou personnes non binaires doivent souvent faire face à des réactions « paternalistes » du type « Ce n’est pas trop lourd pour toi à porter ? ».
L'enjeu de l'accès aux sanitaires pendant le temps de travail a également été évoqué : « Les hommes peuvent aller rapidement pisser derrière un arbre et ce n’est pas le cas pour nous. Certains clients (restaurants) nous refusent souvent l’accès à leur WC », déplore une coursière.
… et en externe !
Par ailleurs, différentes situations inconfortables ont été identifiées par les coursières pendant leurs livraisons de la part d’individus dans la rue et de certains clients indélicats. Des propos sexistes ainsi que des cas de harcèlements ont été rapportés par les intervenantes. Par ailleurs, la question de l'insécurité lors des livraisons tardives ou dans certains secteurs d'intervention a été évoquée. « Une de nos collègues coursière a subi une agression dans une ruelle alors qu’elle effectuait ses livraisons. Nous avons immédiatement porté plainte ! », rapporte un des participants à l’atelier.
Des pistes de solutions ?
Concernant la promotion de l’égalité des genres et la lutte contre les discriminations sexistes au sein des coopératives, des pistes de solutions ont été proposées, à savoir :
- L’organisation de rencontres networking (réseautage) ou des ateliers de formation.
- La mise à disposition de ressources et d'outils pour aider les coopératives à promouvoir l'égalité, comme des guides et des fiches pratiques.
- Le soutien aux coopératives qui mettent en place des actions concrètes pour favoriser l'égalité, comme des politiques de recrutement inclusives ou des formations sur les stéréotypes sexistes. Ce qui inclut une meilleure représentativité du genre en termes de pourcentage dans les recrutements, une meilleure intégration dans les sphères décisionnelles ainsi qu’une réflexion autour du congé prémenstruel.
Concernant l’accès aux toilettes, les coopératives présentes ont évoqué le fait d’imposer aux coopératives qui voulaient faire partie de la Fédération de discuter en amont avec leurs clients de l’accès aux sanitaires pour les coursières et si ce n’est pas possible, de permettre à ces dernières de faire un détour à la coopérative pour utiliser les sanitaires avant de reprendre leur course.
Sur la sécurité, la solution proposée était d’éviter les livraisons tardives et dans une certaine mesure, les livraisons dans des lieux insécures clairement définis.
En définitive, nous retenons que des actions restent possibles pour lutter contre ces inégalités de genre. Cependant, le chemin reste encore long pour arriver à une égalité de genre et ces changements devront forcément passer par un engagement fort des coopératives pour faire évoluer les mentalités en interne et en externe.
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