Face aux difficultés que rencontrent de nombreux étudiant.es pour se nourrir correctement, un forum des associations s’est tenu sur le campus grenoblois pour les informer des aides possibles.
Depuis la crise sanitaire, la précarité étudiante a fortement augmenté, au point qu’environ un.e étudiant.e sur deux a déjà été contraint de se priver d’un repas pour des raisons économiques. De plus, ils ne sont pas toujours au courant des solutions existantes. Aussi, le forum qui s’est déroulé à EVE, l’Espace Vie Étudiante de Grenoble le lundi 6 mai 2024, a-t-il eu pour objectif de diffuser ces informations et les aider à s’alimenter de manière adéquate sans que ce soit un problème monétaire. Alpes Solidaires a réuni plusieurs associations œuvrant en ce sens, encourageant par la même occasion le bénévolat ou le service civique dans ce domaine, utiles au développement de ces associations.
Partant du constat qu’il y avait actuellement 11 000 personnes bénéficiaires d’aides alimentaires chaque semaine, soit 4 000 de plus qu’en 2019, et dont des étudiant.es, l’équipe d’Alpes Solidaires a voulu contribuer à informer les étudiant.es de l'existence de ces aides. Chaque association a animé un stand pour présenter ses actions. Certaines associations comme Agoraé, tenue par des étudiant.es ou l’épicerie solidaire Episol et sa version ambulante, “la Mobile”, permettent l’accès à de la nourriture de qualité à un coût adapté aux ressources individuelles. Par ailleurs, Episol et l’Equytable proposent des paniers solidaires de fruits, légumes et produits locaux à des tarifs solidaires très avantageux. D’autres réalisent des distributions gratuites : Génération Précarité, grâce à des dons de la Banque alimentaire entre autres, propose nourriture et produits alimentaires aux étudiant.es, environ trois par mois.
Et certaines, comme le syndicat de l’Union Étudiante de Grenoble (UEG), cherchent à améliorer leurs conditions de vie et d’étude. En effet, la majorité des étudiants vit en-dessous du seuil de pauvreté. Celles et ceux qui ne vivent plus chez leurs parents, qui sont boursiers ou n’ont pas le temps de travailler en plus de leurs études et certains étudiants étrangers sont les plus susceptibles de connaître des difficultés budgétaires. D’autre part, le fait de travailler à côté des études peut être cause d’échec universitaire. Et le prix des loyers et charges laisse souvent peu de reste à vivre (comprenant la part alimentaire), surtout dans les grandes villes. C’est pourquoi certaines associations comme l’UEG ou Génération Précarité défendent l’instauration d’un revenu d’autonomie pour les étudiant.es, justifié par leur statut de travailleur intellectuel.
Mais au-delà de permettre aux étudiant.es de se nourrir suffisamment et de façon équilibrée, l'objectif est qu’ils s’affranchissent de la logique de la charité et puissent s’autonomiser à terme. Dans cette idée, les Petites Cantines, restaurant associatif et participatif ont pour but de créer du lien social tout en cuisinant des plats équilibrés à base de produits locaux de saison de qualité et d’invendus, à prix libre. Chaque personne peut ainsi aider à la préparation des repas si elle le souhaite, et de cette manière s’initier à l’art culinaire ou simplement déguster les plats préparés autour d’une grande tablée en rencontrant de nouvelles personnes. Des soirées jeux ou à thème et des brunchs sont aussi organisés régulièrement. Étant donné les difficultés qu’ont certains étudiants à s’offrir des activités de loisir, ce type d’initiative est une bonne occasion pour eux de se divertir et répondre à leurs besoins d’appartenance.
Visant à faire connaître ces multiples initiatives et susciter l’implication associative des jeunes universitaires, Alpes Solidaires espère par la suite constituer un groupe de travail destiné à améliorer l’accès de l’ensemble de la population étudiante à une alimentation adéquate.
Le projet de Sécurité sociale de l'alimentation adopté par la Ville de Grenoble qui verra le jour d’ici l’automne 2024 et le FAST, dispositif de la Métropole grenobloise (Fonds d’accompagnement social aux transitions) qui finance des projets afin d’aider les publics les plus fragiles à s’engager dans la transition écologique, pourraient également offrir des solutions intéressantes.
> Pour en savoir plus
l’épicerie solidaire Episol et sa version ambulante, “la Mobile”
L’Union Étudiante de Grenoble (UEG)
Le projet de Sécurité sociale de l'alimentation
Le FAST (Fonds d’accompagnement social aux transitions), dispositif de la Métropole grenobloise
Écrit par Frédérique Hellé (article) et Anaïs Canova (encart et photographies)