Dans le contexte très sensible lié à la pandémie qui nous touche, parler de la mort prend tout son sens aujourd’hui. S’informer librement, s’interroger sur les dernières volontés de chacun, et sur tous les possibles pour “l’après”, est légitime et interroge de plus en plus en France.
Protéger l'intérêt des familles et leur permettre d’organiser des funérailles plus respectueuses quel que soit leur budget et leurs envies, tel est le credo des coopératives funéraires, un mouvement qui augmente actuellement en France.
Les funérailles de nos jours
Les pompes funèbres sont bien souvent un service purement commercial avec un manque d’informations pratiques, une marchandise courante avec une augmentation du prix des obsèques, des pratiques standardisées, une banalisation du deuil, des cérémonies et des cimetières, et une perte de contact avec la nature.
Outre ce constat, l’enterrement traditionnel, tel que pratiqué largement en France aujourd’hui, génère une pollution non négligeable pour l’environnement : pratique systématique de la thanatopraxie, cercueils en bois traités, utilisation et enfouissement de métaux lourds, bétonisation des tombes… l’impact environnemental est considérable.
La coopérative funéraire, pour une sépulture alternative…
Une alternative aux obsèques traditionnelles existe et commence à se développer : la coopérative funéraire. Ce modèle, originaire du Québec et déjà bien implanté aux Etats-Unis, tend à se développer en Angleterre, en Belgique mais aussi en France. La coopérative funéraire permet de changer de regard sur la mort, de mieux respecter les dernières volontés de chacun et de replacer l’humain au centre des obsèques en accompagnant les funérailles avec plus de sensibilité et tact. C’est un service de pompes funèbres coopératif qui appartient en partie aux familles puisqu’elles peuvent être sociétaires. Le concept est basé sur la sensibilité et l’écologie, c’est un accompagnement solidaire et responsable qui tend à briser les tabous et à modifier les rites mortuaires pour les ré-enchanter.
Ce modèle d'obsèques a fait son apparition récemment en France et continue d’essaimer pour proposer une alternative aux funérailles classiques. A ce jour, 300 sociétaires soutiennent ce mouvement citoyen à Nantes, 120 à Rennes, et 60 à Bordeaux ou Dijon.
Près de Strasbourg, la coopérative “Maintenant, l’après…” propose par exemple chaque année “les cafés mortels” et organise des visites de lieux de recueillement naturels (cimetière forêt) et des conférences pour informer et parler de ces nouveaux modes de sépulture.
Les coopératives funéraires défendent le fait que chaque défunt est différent et donc que chaque cérémonie devrait l’être. Leurs missions : personnaliser la cérémonie pour mieux rendre hommage et permettre de ritualiser la séparation en dehors d’un lieu de culte. Leur politique : réduire leurs marges sur les frais matériels et logistiques et limiter aussi la facture pour les proches du défunt.
Vers un enterrement plus écologique
De plus en plus de personnes envisagent un enterrement écologique aujourd’hui. Les coopératives funéraires accompagnent cette démarche. Que ce soit l’utilisation de cercueils en carton ou bois non traité, l’inhumation dans une tombe végétalisée ou dans une forêt sanctuaire, ou encore une préparation des corps sans avoir recours à l'embaumement... de plus en plus de familles souhaitent un accompagnement plus proche de la nature.
Parallèlement, bien qu’actuellement interdit en France et faisant encore débat, un nouveau mode de sépulture commence à se faire connaître : l’humusation. C’est un retour à la terre, une méthode douce de transformation du corps en humus qui constitue une alternative à l’inhumation et à la crémation avec comme objectif de moins impacter la planète et préserver l’environnement même après la mort. Le principe est simple : le corps du défunt est enveloppé dans un linceul en tissu et acheminé vers le lieu de l’enterrement. Il est ensuite recouvert de matière organique (terre, copeaux de bois…), formant une butte végétale naturelle.
L’homme produit environ 1000 tonnes de CO2 durant sa vie alors que l’humus produit par un défunt représente environ 1,5m3 de compost. Pour compenser tout le CO2 émis pendant une vie, le mouvement pour l’humusation défend un retour à l’humus après la mort qui permettrait selon lui de faire vivre 100 arbres. En France, le nombre de décès annuels s'élève à environ 600 000. Selon les adeptes de ce mouvement, si à l’avenir seulement 1% des corps était humusé, on pourrait planter 600 000 arbres par an en France, ce qui contribuerait à lutter contre le réchauffement climatique et à régénérer les forêts.
Vu sous cet angle, la mort se révèle être aujourd’hui un véritable enjeu environnemental et la coopérative funéraire une belle alternative pour ne pas briser le cycle de la vie et mieux accompagner nos proches dans le monde d'après...
Claire Desmaris pour Alpes Solidaires