Fondée par Charles Gide et Bernard Lavergne en 1921, la RECMA (Revue des Études Coopératives, Mutualistes et Associatives) est initialement la revue de référence nationale et internationale du mouvement coopératif. Elle inclura par la suite le mouvement mutualiste et associatif, avant de devenir la revue internationale de l’économie sociale. Dans cette revue à comité de lecture travaillent des correspondants internationaux d’une vingtaine de pays et elle est lue dans plus de 50 pays à travers le monde.
A l’occasion de son centenaire, la RECMA organisait ce 18 février 2021 une conférence intitulée « l’ESS de 1980 à 2030, mémoires, leçons, projets ». Pour ce temps d’échange trois acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire, auteurs chacun d’un livre récent sur la question, étaient conviés pour dialoguer et répondre aux questions des participants :
-Roland Berthilier : président du groupe MGEN, auteur de « Essentiellement humain, l’Économie Sociale et Solidaire pour un XXIe siècle citoyen » (édition l’Archipel)
-Jean Gatel : ancien secrétaire d’État chargé de l’Économie sociale de 1984 à 1986 et auteur de l’ouvrage « l’Économie sociale et solidaire. Un nouveau modèle de développement pour retrouver l’espoir » (édition libre et solidaire)
-Jean-François Draperi, directeur du Centre d’Économie sociale du Conservatoire national des arts et métiers (Cestes-Cnam) et également rédacteur en chef de la Recma et auteur de « Ruses de Riches. Pourquoi les riches veulent maintenant aider les pauvres et sauver le monde » (édition Payot).
De ces échanges entremêlés se dégagent de nombreuses idées d’avenir et de conquêtes. L’ESS doit se présenter comme un véritable contre-modèle au système néo-libéral et doit reposer sur la solidarité et le respect de l’environnement. Cela passera par exemple par la création d’une vraie société de la réparation (1/5 de la production agricole est encore jeté sans être consommé), mais cela passera surtout par une économie de transformation puisque l’économie sociale est porteuse d’un modèle de développement. Jean Gatel invite également les pouvoirs publics à se pencher sur la crise du mouvement associatif qui, pour la première fois depuis un demi-siècle, perd des salariés. Cela a régressé en 2019 et continuera de baisser en 2020 des suites de la crise sanitaire. Or, le monde associatif comme on peut le constater à travers cette crise sanitaire, se présente souvent comme le seul rempart contre les difficultés sociales de certaines catégories sociales très précaires, rempart qui a tenu bon mais au prix d’un lourd tribut pour ses salariés. L’ESS possède des atouts qu’elle devrait plus mobiliser. L’épargne des français, à titre d’exemple, qui représente environ 5300 milliards d’euros est déposée à hauteur de 60 % dans des banques coopératives. Les moyens d’agir sont donc là et l’ESS a sans doute plus de pouvoir qu’elle ne le sait elle-même. A elle de le prendre !
La vidéo de ces échanges à visionner ici
Giovanella Frédéric pour Alpesolidaires