Entretien avec Emma Besson, Directrice générale, et Roland Wetta, Président de l’association GE acces.
Quelle est l’histoire du Groupement d’Employeurs (GE) acces ?
Emma Besson : Le Groupement d'Employeurs acces est une association qui a été fondée en 1994. Historiquement, acces a été créé par des élus de CSE (Comité social et économique) pour répondre à un besoin spécifique d’emploi : ces élus souhaitaient se délester de leurs tâches administratives, qui représentaient de petits volumes horaires (quelques heures par semaine ou par mois), mais n’avaient ni le temps ni les compétences pour gérer la partie administrative d’un emploi (contrat de travail, paie, etc.).
Roland Wetta : L'idée était de mutualiser ces besoins et les compétences de salariés pour créer des emplois durables, tout en permettant aux élus de se focaliser sur les fondamentaux de leur mandat. Nous avons été précurseurs dans ce modèle de GE spécialisé dans le secteur associatif et les CSE. Aujourd’hui encore, nous sommes peut-être les seuls en France à fonctionner ainsi.
Comment fonctionne l’association acces ?
Emma Besson : Nous travaillons uniquement avec des structures non soumises à la TVA : les CSE, les associations et les collectivités. Le fonctionnement de GE acces repose sur une relation tripartite entre acces, le salarié et la structure utilisatrice. Nous mettons à disposition des salariés dans ces structures. Ainsi, acces est l’employeur juridique du salarié et notre rôle est de prendre en charge la gestion administrative et ressources humaines. De leur côté, les structures utilisatrices sont adhérentes au groupement d’employeurs et signent une convention avec nous.
Nous travaillons avec une trentaine de structures adhérentes, dont, aujourd’hui, environ 80 % de CSE et 20 % d’associations et de collectivités. Même si nous sommes majoritairement basés sur le bassin grenoblois, de Crolles jusqu’à Noyarey, nous ne sommes pas limités géographiquement. Aujourd’hui, nous avons, par exemple, une salariée à Valence, deux à Lyon et une autre à Clermont-Ferrand.
Roland Wetta : À l’heure actuelle, 25 salariés sont mis à disposition et 4 salariées permanentes (représentant 1 ETP) assurent la gestion administrative de l’association, avec l’appui des bénévoles membres du conseil d’administration. Nous pouvons proposer tout type de métier, mais ce sont principalement des fonctions supports, administratives ou d’animation, avec un temps de travail variable. Quelques salariés travaillent pour plusieurs structures adhérentes, certains ont une autre activité à côté, d’autres souhaitent simplement travailler quelques heures par semaine, pour des raisons diverses. Pour tous, c’est du temps de travail choisi. Et c’est un avantage partagé autant par l’employeur que par les salariés.
Comment acces participe-t-elle à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) ?
Emma Besson : Outre notre statut d’association, notre activité est d’utilité sociale car notre objectif est de créer l’emploi, tout en offrant une grande souplesse aux salariés. Nous portons des valeurs différentes d’une entreprise du secteur privé, puisque nous n’avons pas un but lucratif. Ce que l’on constate, c’est que tous nos salariés sont satisfaits et vont au travail avec envie parce qu’ils choisissent leur temps de travail. Et leur vie professionnelle et leur vie personnelle sont, dès lors, bien ajustées.
Roland Wetta : L’aspect social se retrouve aussi dans notre gouvernance et dans notre volonté de lutter contre la précarité. Nous veillons à proposer des emplois stables et adaptés aux besoins des salariés, tout en restant réalistes sur les contraintes des employeurs. Nous faisons très attention aux conditions de travail des salariés, en prenant en compte leur situation personnelle et la distance domicile-travail, par exemple.
Dans certains cas, les emplois que nous proposons permettent d’être un tremplin : nous avons recruté des personnes qui, parfois, n’avaient pas travaillé pendant plusieurs années. Et reprendre un travail après une interruption de 15 ans, même avec une formation universitaire, ça n’est pas évident. Une de nos anciennes salariées, qui était dans cette situation, a retrouvé un poste dans l’industrie après 5 années au sein d’acces, et elle nous a dit « c’est grâce à vous ». Et nous sommes ravis que cela arrive car, finalement, notre rôle c’est de créer de l’emploi où qu’il soit. C’est même plutôt sain de voir que certains de nos salariés nous quittent pour aller ailleurs...
Pourquoi avoir rejoint Alpes Solidaires ?
Roland Wetta : Nous avons adhéré à Alpes Solidaires dès sa création, car nous partageons les mêmes valeurs de solidarité et de coopération entre structures de l’ESS. À l’origine, ce qui nous attirait, c’était cet espace d’échange et d’entraide entre acteurs du secteur, permettant de confronter nos idées et de trouver des solutions communes.
Aujourd’hui, nous restons dans le réseau car, même si la dynamique a évolué, il y a toujours eu des personnes de bonne volonté qui l’ont animé. Cela reste un espace d’opportunités et de visibilité pour notre activité.
Quel impact imaginez-vous pour acces dans la société du futur ?
Emma Besson : Nous souhaitons développer notre activité en attirant de nouveaux adhérents et en créant davantage d’emplois pérennes. Notre objectif est d’assurer la stabilité des postes existants et de continuer à prospecter pour faire connaître notre modèle.
Roland Wetta : Nous avons parfois le sentiment de ne pas être suffisamment entendus et soutenus. Pourtant, notre modèle répond à un véritable besoin. Nous espérons que les structures comme les CSE comprendront à nouveau l’importance de se décharger des tâches administratives pour se recentrer sur leur mission première : la défense des salariés.
Nous continuerons à œuvrer pour faciliter l’emploi et accompagner les structures de l’ESS, en espérant que notre modèle pourra inspirer d’autres initiatives similaires.
Propos recueillis par Floriane Bajart pour Alpes Solidaires
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