VENDREDI 13 MARS à 19h30 à la Maison des Passages // Les vestiges coloniaux font-ils partie de notre mémoire ?
Table ronde avec Mireille Fanon-Mendès-France, présidente de la Fondation Frantz Fanon, et Mutombo Kanyana, politologue, autour du colonialisme et ses problématiques.
Soixante ans après les indépendances, la colonisation est redevenue un objet de controverses publiques. Cela dit, est-il impérieux d’inventorier les continuités entre le passé colonial et le présent, afin de mieux comprendre ce qui, dans les relations entre anciennes puissances impériales et territoires colonisés, reste marqué par le poids du passé. Car, en réalité, la colonisation a marqué durablement les sociétés africaines et les vestiges de l’emprise coloniale restent encore prégnants dans les imaginaires, les pratiques et les postures de l’élite politique.
Intervenant.e.s :
MIREILLE FANON-MÈNDES-FRANCE, actuellement présidente de la Fondation Frantz Fanon, a d’abord travaillé à l’UNESCO, à l’Education nationale puis à l’Assemblée nationale. Elle a été experte de 2011 à 2017 au Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. Elle est juge au Tribunal permanent des peuples - Fondation Lelio Basso.
MUTOMBO KANYANA, docteur en relations internationales (IUHEI, GE, 1986), politologue, ancien fonctionnaire international (en charge du Programme de l’UNESCO de lutte contre le racisme et la discrimination), co-fondateur en 2002 et secrétaire général du Carrefour de réflexion et d’action contre le racisme anti-Noir (CRAN) de Genève.
MERCREDI 18 MARS à 19h30, à la Maison des Passages // Tu n'as pas d'autres armes que les mots
Soirée poétique avec Tanella Boni, poète et écrivaine, dans le cadre du Magnifique Printemps.
« La vie est une guerre permanente » nous dit Tanella Boni. Elle nous parle des existences éphémères et incertaines, entre départs difficiles et retours amers, de ces « humains aux vies précaires et transparentes » suspendus entre deux mondes : le pays étranger, qui refuse de les accueillir, et le pays natal, ravagé par la violence. Mais, parmi tant de nuages, on voit naître « une étoile » : l’espoir porté par la clarté du regard de cette « femme vivante, qui frappe à ta porte », une « femme qui n’en fait qu’à sa tête » et dont les mots peuvent restituer la dignité à ces vies, les rendre enfin visibles, leur donner une voix.
TANELLA BONI est une poète, romancière, essayiste et philosophe, née à Abidjan, Côte d’Ivoire. Elle publie des recueils de poèmes depuis 1984. Parmi une douzaine de recueils publiés, on peut citer : Chaque jour l’espérance (l’Harmattan, 2002) ; Gorée île baobab (Ecrits des Forges/Le bruit des autres, 2004) ; Jusqu’au souvenir de ton visage (Alfabarre, 2010) ; L’avenir a rendez-vous avec l’aube (Vents d’ailleurs, 2011) ; Toute d’étincelles vêtue (Vents d’ailleurs, 2014) ; Là où il fait si clair en moi (Bruno Doucey, 2017). Ses poèmes figurent également dans des anthologies. Elle a participé à de nombreux festivals de poésie (Dakar, Medellin, Trois-Rivières, Barcelone, Sète…). Elle fut l’organisatrice du Festival international de poésie d’Abidjan qui prit fin au début de la guerre civile en Côte d’Ivoire. Lauréate de prix littéraires parmi lesquels le prix international de poésie Antonio Viccaro en 2009, elle est membre de l’ASCAD (Académie des Arts, des Sciences des Cultures d’Afrique et des Diasporas africaines) dont le siège est à Abidjan.
SAMEDI 21 MARS à 16h, à la Maison des Passages // Féminismes en situation coloniale et dans la post-colonie. Continuité our rupture ?
Table ronde avec Ken Bugul, écrivaine, et Anne Hugon, historienne.
L’enjeu majeur de cette rencontre est d’examiner si l’assignation faite aux femmes en période coloniale s’est-elle perpétuée dans la post-colonie. Les femmes africaines souffraient d’une triple oppression au sein de la hiérarchie sociale établie par le système colonial : celle des hommes blancs, celle des femmes blanches et celle des hommes noirs. Leur rôle fut réduit au travail domestique et à la maternité. Il s’agit surtout de savoir si la décolonisation a représenté ou non un « progrès » pour elles et a contribué à leur « émancipation » ou au contraire les a maintenu dans une position de dominées. Car, le récit colonial a fait preuve d’une totale cécité à l’égard de l’histoire des femmes qui, autant que les hommes, sont au cœur du fait colonial.
Intervenantes :
KEN BUGUL, nom de plume de Mariètou Mbaye, est née au Sénégal. En 1982, avec son autobiographie romancée, Le Baobab Fou, elle fait une entrée remarquée dans la littérature. Elle signe ses ouvrages Ken Bugul qui signifie en wolof « personne n’en veut ». Elle a vécu et voyagé dans plusieurs pays d’Afrique et du monde où elle a travaillé dans le domaine du développement économique et social et la planification familiale pendant une dizaine d’années. Elle milite pour une émancipation totale de la femme. À ce jour, Ken Bugul compte une dizaine de romans traduits dans plusieurs langues.
ANNE HUGON, historienne et maîtresse de conférences à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne. Spécialiste de l’histoire du Ghana, elle s’intéresse plus largement aux rapports entre femmes et colonisation en Afrique. Elle a dirigé l’ouvrage collectif Histoire des femmes en situation coloniale (Karthala, Paris, 2004) et publiera en septembre 2020 Etre mère en situation coloniale. Une histoire de la maternité en Gold Coast (1910-1960) (SUP, 2020).
JEUDI 26 MARS à 19h30, à la Maison des Passages // Consciences en convergence
Lecture – Spectacle avec Sarah Oling, journaliste et auteure ; Emmanuel Amado, comédien, et Martine Barbier, troisième voix.
« Consciences en convergence » est un acte artistique et citoyen divisé en deux parties : une lecture théâtralisée portée par des comédiens, suivie d’un débat avec le public. Il vise à créer une résonance entre fiction et réalité et révéler une universalité de la mécanique génocidaire. En ce sens , le roman, Pour un peuple d’oiseaux est un outil à la fois narratif et historique qui opérera cette convergence de consciences. Le propos est de mettre en lien les personnages d’un ouvrage littéraire de fiction avec des hommes et femmes de notre temps, chacun dans son environnement référentiel, afin de tisser un regard, un constat et une alerte partagés sur l’état de notre monde contemporain.
Acte 1 : Mise en miroir et en dialogue d’extraits du roman « Pour un peuple d’oiseaux », et des textes d'Aimé Césaire, Edouard Glissant, Judith Butler, Bertolt Brecht, Hannah Arendt, Anne Franck, Alaa Alaswany, Ken Bugul...
Acte 2 : Débat entre les artistes et le public pour ouvrir le champ d’une réflexion commune, en « conscience et en convergence » autour du constat de la récurrence des signes avant-coureurs et de l’universalité des traumatismes des survivants.
Intervenant.e.s :
SARAH OLING, fille de déporté rescapé de la Shoah, elle a transcendé son expérience personnelle en un engagement indéfectible autour d’une pédagogie active et innovante de la Mémoire (conférences interactives, dialogues libres avec des étudiants, lycéens et collégiens). En 1994, elle devient journaliste et puis rédactrice en chef d’une magazine francophone en Israël, membre de la Fédération francophone des Écrivains Israéliens. En 1999 et 2000, elle est chargée de mission pour le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. Pour un peuple d’oiseaux (Les éditions Abordables, 2018) est son cinquième ouvrage publié.
EMMANUEL AMADO, chanteur, dialoguiste et écrivain pour le théâtre, il est diplômé de chinois et de l’Institut d’Études Politiques d’Aix–en–Provence. Comme comédien, il est passé par le répertoire classique, le théâtre contemporain, puis le théâtre de rue.
MARTINE BARBIER fit ses premiers pas dans le Théâtre, au Conservatoire d’Art dramatique de Toulon, puis au Cours Raymond Girard à Paris. Docteur en droit, elle fut d’abord avocate et est actuellement consultante/formatrice. Après avoir délaissé ses premières passions, elle revient donc aujourd’hui vers le théâtre, et portera au cours de la lecture les textes en miroir.
VENDREDI 3 AVRIL à 19h30, à la Maison des Passages // Discriminations à l'encontre des personnes LGBT en Afrique : un héritage colonial ?
Rencontre–débat avec Patrick Awondo, anthropologue et enseignant.
En Afrique, les sujets faisant référence à la sexualité sont presque tabous. Le sexe se pratique plus qu’il ne se dit. Avec l’arrivée des colons, certaines pratiques considérées comme étant normales seraient devenues des pratiques sexuelles « impudiques et contre nature »*.
L’homosexualité est aujourd’hui condamnée dans trente-six États en Afrique ou elle est considérée comme un crime, une pratique « contre nature », et souffre d’un déni social. La conception contemporaine du sexe et du genre dans les sociétés post-coloniales africaines est-elle une conséquence de la pensée coloniale qui a érigé l’hétérosexualité en norme dominante, en pénalisant les relations entre personnes du même sexe au nom de la « décence » ou de la religion ?
Les lois pénalisant l'homosexualité sont souvent l'héritage de la colonisation et les gouvernements post-coloniaux se sont appuyés sur cet héritage pour consolider la criminalisation de l’homosexualité sur le continent.
*Loi de base No 65-60 du 21 juillet 1965 portant Code pénal du Sénégal amendé le 29 janvier 1999.
La plupart des lois en vigueur en Afrique subsaharienne sont des lois coloniales qui ont été imposées au temps des colonies, et qui n’ont pas été abrogées aux indépendances.
Ainsi, une trentaine de pays disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, parfois de la peine de mort.
- les sections 162 à 165 du Code pénal kényan
- les sections 153 et 156 qui concernent la « moralité publique » est utilisée pour punir les relations homosexuelles
- l’article 145 du code pénal Ougandais
- l’article 308 du code pénal Mauritanien
- l’article 148, du code pénal Soudanais qui prévoit la peine capitale
- les articles 214 et 217 du code pénal nigérian.
PATRICK AWONDO, anthropologue et enseignant à l’Université Yaoundé I et post-doctorant au sein de l’IFE, à l’ENS de Lyon (bourse post-doctorale Sidaction), où il étudie la prise en charge de la co-infection (VIH-tuberculose) dans les prisons du Burkina Faso et au Cameroun. Dans le cadre de son doctorat, Patrick Awondo a étudié les formes de mobilisations politiques des homosexuels en temps de sida au Cameroun et la construction du sujet dans le contexte migratoire France-Cameroun.
CONTACT :
la Maison des Passages – Lyon 5e
44 rue Saint Georges
Métro D – Vieux Lyon
04 78 42 19 04
maisondespassages@orange.fr
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