Le projet « Territoire zéro chômeur longue durée » a été initié par ADT Quart-monde, en partenariat avec le Secours catholique, Emmaüs, le Pacte civique ou encore la Fédération des acteurs de la solidarité. Il consiste sur un territoire donné à créer des entreprises « à but d'emploi » autour d'activités utiles à la société et non concurrentes du secteur marchand local. En expérimentation sur une dix territoires depuis 2017, le projet passe à une deuxième phase avec un nouvel appel à candidature auquel la métropole grenobloise a décidé de répondre lors d'un vote de son conseil le 5 juillet dernier.
La loi de 2016 qui encadre cette expérimentation pose certains critères contraignants, exigeant le développement de ce projet dans des zones de moins de 10 000 habitants. C'est donc le quartier de la Luire-Viscose à Échirolles qui a été choisi, comptant en l'espère 9 400 habitants dont 337 demandeurs d’emploi.
Comment l'expérimentation est-elle financée ?
Pour faire entrer une démarche dans l’agenda politque, il faut souvent s’appuyer sur des chiffres clairs. ADT-Quart Monde n'a pas hésité à publier une enquête(1) sur les coûts financiers du chômage de longue durée. Outre les coûts en terme de santé ou d'éducation, l'association de lutte contre la misère estime que la privation d'emploi de longue durée coûte entre 16.000 et 19.000€ par personne concernée par an (l'étude de 2013 évaluait ce montant à 15.000€, rééavalué en 2017). À noter que l'étude ne prend en compte que les personnes qui ne sont pas ou plus indemnisées par Pôle Emploi au titre de l'allocation d'aide au retour à l'emploi (ARE).
L'association a donc proposé au gouvernement d'allouer ces deniers, de toute façon dépensés, à la création d'emplois en CDI et à temps choisi. Les principes qui régissent l'embauche sont l'exhaustivité et la non sélection, afin que tous les privés d'emploi d'un territoire puisse retrouver espoir et dignité grâce à l'emploi. « Les emplois ainsi créés ne représentent pas une charge supplémentaire pour la dépense publique puisqu'ils sont financés par des dépenses existantes (les prestations sociales qui étaient versées aux personnes privées durablement d'emploi : revenu de solidarité active, allocation de solidarité spécifique, aide personnalisée au logement, allocation aux adultes handicapés, etc.) ou par des recettes supplémentaires (cotisations sociales, impôts, etc.) »(2).
Fin 2018, ce sont près de 800 emplois qui ont été créés dans les 10 territoires qui ont inauguré le dispositif dès 2016. L'expérimentation montre déjà que les bénéfices générés par ce retour à l'emploi dépassent largement les coûts du chômage. Elle reflète bien l'idée de ce que peut être une économie sociale et solidaire, non excluante et au service de la société et non du capital. L'initiative a pour but d'être contagieuse, et la candidature de Grenoble prouve que c'est le cas.
Pour en savoir plus sur l’expérimentation, y participer, connaître les démarches pour la mettre en place, visitez le site dédié : https://www.tzcld.fr/
ATD-quart-monde a notamment publié un ouvrage de synthèse réunissant témoignages et analyses économiques sur les deux premières années d’expérimentation :