Début 2019, Gaëlle Vandeputte et Matthieu Sylvestre, ont créé l'association Les Fourmis pour soutenir leur projet "Le Travail au Sens Propre". Leur but ? Initier un voyage à la rencontre de personnes inspirantes qui se disent «heureuses au travail». De ces interviews réalisées en France, au Danemark et en Allemagne, ils ont extrait les clés essentielles pour allier équilibre au travail et épanouissement personnel. Dans le cadre du Mois de l'ESS, ils sont venus les partager le 26 novembre dernier dans une conférence.
Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes
63% des employés français ne se sentent pas impliqués dans leur travail et 24% seraient complètement désengagés. L'anxiété au travail affecte 52% des salariés en France et 24% se disent en état d'hyper-stress (source : Frédéric Laloux, Reinventing organizations).
Pour Gaëlle et Matthieu, âgés respectivement de 23 et 24 ans, en réflexion sur leurs futurs choix professionnels, il y a là matière à venir questionner notre rapport au travail. Vous connaissiez sans doute le burn out, ou épuisement professionnel, peut-être le bore out ou l'ennui au travail ? Mais dans les petits derniers, le concept de brown out vient désormais désigner le manque de sens dans les tâches confiées. Existe-t-il, dans ce contexte, des pistes pour que le travail soit à la fois porteur de sens et d'utilité, et en lien avec nos propres valeurs ?
7 clés comme 7 pistes pour questionner notre rapport au travail
Parmi les éléments essentiels des témoignages collectés sur l'épanouissement au travail des personnes interviewées, Matthieu et Gaëlle, ont identifié 7 notions fondamentales récurrentes : la connaissance de soi, le management des hommes et la relation aux autres, la finalité de l'entreprise, le rapport au temps, le rapport à l'argent, l'éducation et les formes de travail.
Tout au long de la conférence, ils ont amené l'assistance à se poser de nombreuses questions :
. Quelles sont les passions, les valeurs profondes qui nous animent ? Quelle direction, quel fil rouge en phase avec nos valeurs nous donne l'envie et la motivation dans ce que nous faisons ? Quel est notre Ikigaï *?
* L'Ikigaï est une philosophie de vie japonaise qui consiste à trouver un sens à notre vie, un équilibre, une raison de se lever le matin et d’être heureux d’accueillir chaque jour.
. Comment être pleinement nous-même et faire tomber le masque au travail?
. Quel doit être le rôle du manager au sein de l'entreprise aujourd'hui ?
. Quelle est la finalité de l'entreprise, quelle est son utilité sociale, son impact sur l'environnement ?
. Comment pourrions-nous choisir plus librement notre temps de travail ?
. Quel est notre rapport à l'argent ? De combien avons-nous besoin pour vivre selon nos propres valeurs ?
. Quelles sont nos croyances sur le travail ? Comment apprendre tout au long de notre vie professionnelle pour pouvoir s'adapter, évoluer, changer de voie, rester plus libre à tout moment de notre vie dans nos choix professionnels ?
. Quelles sont les différentes formes de travail existant aujourd'hui ?
Vers un changement de paradigme
Cette conférence est venue montrer à quel point ces thématiques interrogent, dérangent parfois. Aujourd'hui, nous voilà face à un ancien modèle de travail qui ne semble plus satisfaire notre quête de sens. Cet environnement nous demande de changer de paradigme, de réfléchir à nos valeurs, à ce qui est le plus important pour nous, à remettre en question nos façons de faire, à innover... Parfois, ça vient soulever disons... quelques résistances ! Est-il plus important pour nous de travailler moins, de gagner moins mais pour vivre d'une façon qui nous rend plus heureux ? Avons-nous besoin avant tout de liberté ? Souhaitons-nous travailler de façon indépendante en créant notre activité ? Choisissons-nous délibérément de travailler beaucoup parce que notre travail nous épanouit énormément ? À chacun ses réponses, il n'y a pas de recette miracle, mais une investigation à mener selon ses propres critères : identifier ses besoins pour y répondre au mieux.
L'épanouissement au travail : un luxe réservé à certains ?
Autant de sujets qui ont soulevé de nombreuses interrogations parmi un public très diversifié : des jeunes en fin d'étude, des salariés proches de la retraite, des responsables de ressources humaines...autant de personnes rassemblées autour d 'un thème central qui ne laisse personne indifférent.
L'évocation de toutes ces pistes a finalement amené la question du public sur le cas de personnes peu qualifiées, parfois en difficulté économique ou sociale. Peut-on dans ce cas réfléchir à la notion d'épanouissement au travail ? Quels sont alors les alternatives et pistes possibles ? Pour bon nombre de personnes, le travail cherche en effet avant tout à venir couvrir des besoins de base, bien loin de la notion d'épanouissement. La notion de bonheur au travail serait-elle pour le moment un luxe réservé seulement à une partie de la population ?
Investiguer son propre rapport au travail
Comme Gaëlle et Matthieu le précisent, c'est effectivement une des limites à leurs investigations : elles ne couvrent pas les différentes typologies de population. Les personnes interviewées ont des profils très similaires : plutôt de hauts niveaux de formation, et des postes exigeant des compétences et des responsabilités. Ils rappellent tout aussi humblement qu'ils n'amènent pas de réponses, que leur approche consiste avant tout à venir susciter des questions, Et cela fonctionne plutôt bien ! Nous sommes repartis de cette conférence avec des questions plein les poches, de quoi mener, de retour chez nous, notre investigation personnelle sur notre propre rapport au Travail....au Sens Propre !
Une chose est sûre, Gaëlle et Matthieu sont passionnés par cette thématique. Début 2020, ils prévoient de repartir creuser ces sujets passionnants, cette fois-ci, principalement en France. Alors souhaitons-leur une bonne continuation pour cette prochaine étape !
Suivez leurs aventures : www.letravailausenspropre.com
Nadège Bredoux pour Alpes Solidaires