La Maison de l'Image est un lieu de ressources autour de l'éducation à l'image. L’association organise notamment le Mois de la Photo, des formations professionnalisantes, des interventions scolaires et extra-scolaires, des rencontres avec des professionnels.
En 2019 ils ont créé le Studio 97, un Medialab mettant à disposition du matériel audiovisuel. Si la priorité va aux jeunes de 11 à 25 ans, le Medialab est ouvert à tous les habitants et habitantes du quartier de la Villeneuve. L’équipe tient des permanences tous les mercredis après-midi pendant lesquelles les membres du Studio peuvent utiliser des ordinateurs pour travailler sur leurs projets. Cette année, le Medialab fête son 4ème anniversaire le 15 février de 15h à 19h.
+ d’infos sur l’événement : https://www.maison-image.fr/agenda-2/?fbclid=IwAR0hVgjbxzcO549oGk55C1nrkztTIB3lS0hPOj70tB3kYl8zm71xV3TBwdQ
A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre de sa coordinatrice, Mathilde Sihr.
Comment a été organisé le quatrième anniversaire du Studio 97 ?
Tous les ans, on fête l’anniversaire du Medialab, c’est notre rituel. Cette année, ce qui est nouveau, c'est que ce sont les jeunes membres du Studio 97 qui sont aux commandes de l'événement. Ils ont choisi la date et le programme. Ils vont assurer les ateliers le jour J et ont même prévu de préparer des gâteaux !
Cet évènement va dans le sens de ce qu'on a envie de développer dans le studio : on les accompagne dans leur pratique audiovisuelle/photo/sonore et on est en même temps un lieu de vie où on veut que les jeunes s'investissent et s'engagent. Quand ils arrivent, ils sont dans une logique de service car ils montent leurs propres projets, puis peu à peu ils s'ouvrent et ils se mettent dans une logique de coopération. A terme, nous souhaitons que le Studio 97 devienne autogéré par les jeunes. C'est la mission la plus difficile, mais on y parvient petit à petit.
Comment fonctionne le Studio 97 ?
L'esprit du lieu, c'est avant tout le partage : on se définit comme un Medialab. Les espaces et le matériel audiovisuel sont mis à disposition pour les membres. Cela repose sur la confiance : on leur prête le matériel parce qu’on sait qu'ils connaissent sa valeur et qu'ils vont en prendre soin. Notre rôle est d’accompagner les projets des jeunes en fonction de leurs besoins et les mettre en relation avec d'autres jeunes afin de favoriser les échanges et la coopération. On leur donne des outils et on vérifie que tout se passe bien mais en dehors de ça ils gèrent tout. Certains membres sont présents seulement le temps d’un projet puis d'autres reviennent régulièrement, parfois ça devient leur activité hebdomadaire. Ce qui est intéressant dans ce cas de figure, c’est qu’ils peuvent ensuite transmettre leurs connaissances aux nouveaux arrivants.
Les challenges du Labo ?
On a eu des problèmes de turn-over, ce qui favorise les rencontres mais rend l’organisation difficile. Sur les projets audiovisuels ou photographiques il faut au moins un mois ou deux pour monter des projets, on a donc besoin de participants sur le long terme. On essaie de travailler là-dessus : quand on commence, on va jusqu'au bout. Ce qui est intéressant c'est que les jeunes en prennent conscience et apprennent à s’autodiscipliner : quand il y a des retards ou des désistements, les premiers qui en subissent les conséquences ce sont eux-mêmes. C’est un enjeu important car on a une majorité de publics en difficulté ou déscolarisés. Ils ont souvent du mal à avoir confiance en eux, à aller parler aux autres. J'essaie de travailler à la fois sur la confiance en chacun, sur la confiance dans le groupe, mais aussi sur les questions d'engagement.
Le Studio 97, un projet engagé ?
Le premier objectif de ce Medialab, c'est d'ouvrir un espace d'expression pour les jeunes. C’est un projet d’éducation populaire au sens politique du terme, il vise à donner le pouvoir d’agir. Quand le quartier de la Villeneuve a vu le jour, la Maison de l'Image était un équipement municipal, un centre audiovisuel. Nous avions une chaîne de télé qui s'appelle « vidéogazette », animée par et pour les habitants et les habitantes de la Villeneuve.
En 2010, un reportage d'Envoyé Spécial a dépeint une image très négative du quartier. Ça a été mal vécu par ses habitants et habitantes qui avaient ouvert leurs portes aux journalistes et se sont sentis trahis, manipulés... C'est la première fois qu'un collectif de la Villeneuve s'est monté pour porter plainte contre ce documentaire. À la suite de cet épisode on s’est rendu compte qu'il n'y avait plus de lieu d'expression pour ces habitants. C’est comme cela qu’est né le projet du Medialab quelques années plus tard.
Notre but est aussi de tenter une pédagogie alternative : sortir de la pédagogie descendante du cadre scolaire qui n’est pas toujours adaptée pour se positionner sur un pied d’égalité. On fonctionne davantage dans la pratique et moins dans l’aspect intellectuel, cela fonctionne mieux avec les publics que l’on touche et leur permet de développer plus facilement leur créativité.
Si vous aviez une anecdote à raconter, ce serait...
L'histoire d'un jeune, Sofian, qui nous a rencontré par le biais de l'École de la Deuxième Chance. Il est venu tous les mercredis avec plein de projets : des court-métrages, des séries. Il était seul et avait du mal à motiver les gens autour de lui. On a pu réaliser un court métrage et une mini-série écrits et réalisés ensemble selon son idée originale. Il a ensuite participé à la sortie que nous avons organisée au festival Canneseries.. Ça été une révélation pour lui, maintenant il est certain qu'il a envie de devenir réalisateur.
Hélène LUCAS pour Alpesolidaires
