Devant le boom des Monnaies Locales Complémentaires (MLC), Alpes solidaires se penche sur ce mouvement. Un premier volet s'est attaché à en décrire l'histoire : le sens donné aux monnaies locales a évolué au gré des époques. Le XXIè siècle signe la réappropriation citoyenne de la politique économique locale devant les dérives de la finance spéculative mondialisée et les drames sociaux et environnementaux qu'elles engendrent. Les projets citoyens locaux redéfinissent la monnaie comme un bien commun. Une redéfinition qui impacte directement le fonctionnement des MLC.
Andrea Caro, déléguée nationale du Mouvement Sol (réseau national pour une réappropriation citoyenne de la monnaie) et co-fondatrice du Sol-Violette (monnaie citoyenne de Toulouse), explique ainsi sa vision des MLC du XXIè siècle. Ce sont des projets citoyens et politiques, des outils de bien commun porteurs de valeurs. Les MLC sont un des moyens utiles pour répondre à la question d'un nouveau pacte social des richesses sur un territoire.
Elles autorisent une nouvelle façon de faire société ensemble : les MLC sont des moteurs de l'engagement collectif qui favorisent l'ESS et les circuits courts et incitent à une consommation responsable et au développement durable. Elles sont donc des indicateurs de «produit intérieur doux», d'une richesse pas uniquement financière.
Une MLC ne peut être utilisée que sur un territoire géographique restreint (une commune ou une communauté de communes, voire une région), et seulement pour des activités précises (le bitcoin par exemple n’en est pas une). Contrairement à une monnaie nationale, elle n’est pas gérée par une banque centrale mais par une association. Son fonctionnement interdit l'épargne et la spéculation : tout l'intérêt d'une MLC est qu'elle circule, ne cessant d'alimenter l’économie réelle et locale du bassin qu'elle couvre.
En quelques mots, une MLC c'est une association, un territoire, une charte. Un collectif de citoyens porteur d'une monnaie locale pourra donc donner le sens qu'il veut à sa monnaie.
Pourquoi une monnaie locale : les MLC sont régies par des associations à but non lucratif, qui incluent dans leurs organes de gouvernance tous les utilisateurs : particuliers, prestataires voire collectivités territoriales. Ces collectifs établissent une charte de valeurs à partir de laquelle ils choisissent les prestataires auxquels ils proposeront de s'associer au projet. Une monnaie locale n'a ainsi pas vocation à permettre de faire ses courses dans un hypermarché.
Dans ce cadre, les MLC deviennent un outil de réappropriation citoyenne de la politique économique. En contrepartie de leur intégration au réseau, ces prestataires s'engagent à améliorer certaines pratiques. Selon les collectifs, l'accent va être mis sur la relocalisation des échanges, le respect de l'environnement et/ou la promotion de l'identité locale. Dans le Pays basque par exemple, les prestataires affiliés à l'eusko s'engagent, entre autres, à pratiquer un double affichage et un accueil clientèle en langue locale.
La Charte est la première des pierres du Cairn.
Les décisions de l’association s’inscrivent dans ses valeurs et l’ensemble du réseau Cairn a vocation à tendre vers ses objectifs. * Favoriser l’activité économique locale de la Région grenobloise * Établir la confiance et encourager l’entraide entre tous les utilisateurs * Dynamiser l’économie réelle et résister à la spéculation * Soutenir la transition énergétique et respecter l’environnement * Permettre au citoyen de s’impliquer dans la gouvernance de sa monnaie
Une reconstruction des filières : les utilisateurs s'engagent à consommer sur leur territoire. La monnaie reste donc dans le circuit local. La taxe à la reconversion pour les prestataires les incite plutôt à s'approvisionner auprès de fournisseurs locaux. Dans le même esprit, la taxe à la reconversion est souvent redistribuée à des associations locales choisies par les utilisateurs.